La
décentralisation de l’école à Créteil
(Val-de-Marne)
Un projet de Contrat
Educatif Local (CEL) à Créteil dénonce les directeurs d’école (p 13/31) et
amènerait les enseignants à appliquer
les « principes politiques des élus de la ville » (p 2/31 du document
de la Municipalité)
Est-ce
acceptable ?
Le Snudi-FO 94 a pris connaissance du projet de
Contrat Educatif Local proposé par la ville de Créteil.
Au delà des efforts de la Municipalité pour fournir
aux enfants de la ville des activités post et péri scolaires, le projet de CEL
présenté dans un dossier de presque 200 pages, contient malheureusement de
graves remises en cause de notre indépendance professionnelle et pédagogique et
des empiètements inacceptables dans l’école publique.
Jugeons-en :
Ecrire que le CEL « prend en compte les
principes politiques des élus de la ville…. » et que celui-ci « est
avant tout basé sur une volonté politique et nécessite un portage politique
fort… », ne peut en aucun cas concerner les enseignants de
l’école publique, tenus à la neutralité dans l’exercice de leurs fonctions
d’enseignants.
Que la Mairie constitue « un comité de
pilotage du CEL » comprenant un cabinet de consultants privé « FR
Consultants » qu’elle a payé pour établir « un diagnostic »
sur la mise en place de ce CEL et sur « ses objectifs », est une
chose. Mais demander aux enseignants, fonctionnaires d’Etat, de participer à
cette démarche en est une autre.
Comment peut-on prévoir « une évaluation
de toutes les actions mises en place sur les temps scolaires et périscolaires » ?
En confondant les temps scolaires et périscolaires ne mélange-t-on pas
l’enseignement public et les centres de loisirs, l’Education nationale et les
élus locaux, le Maire et l’IEN? Faudrait-il accepter d’être
« évalués » par les élus politiques de la ville et les associations
de parents ?
Que prépare-t-on en dénonçant publiquement « les
directeurs d’école qui ne feraient pas toujours le travail de coordination (sur
le temps de midi) pour lequel ils sont rémunérés et n’informent pas toujours de
ce qu’il se passe sur ce temps » ?
Dans d’autres communes, ces mises en causes ont
toujours été le prélude à une tentative de mettre au pas les directeurs pour
qu’ils fassent acte d’allégeance aux autorités politiques locales.
Nous sommes fonctionnaires d’Etat.
Nous voulons le rester dans une Education
qui doit rester nationale et non être décentralisée.
Dans le département, le Snudi-FO a déjà discuté avec
plusieurs municipalités pour leur dire que, si un CEL se mettait en place, il
devait nettement séparer le scolaire du périscolaire et respecter la liberté
pédagogique des enseignants qui ne peuvent se faire les relais des politiques
municipales.
Elles ont le plus souvent été à l’écoute de ce souci
de préserver l’école républicaine et l’indépendance de ses maîtres basées sur
des programmes nationaux d’enseignement.
Le Snudi-FO a rencontré les IEN de la 6e
et de la 23e circonscription afin qu’ils garantissent notre indépendance
professionnelle et pédagogique.
Les IEN ont rappelé que ce sont les directeurs qui
président les Conseils d’école et décident de son ordre du jour.
En tout état de cause, aucun élu politique ni aucune
association ne peut obliger un fonctionnaire d’Etat, pendant son temps de
travail, à exprimer ses positions vis à vis « des principes politiques des
élus de la ville ». Personne n’est obligé de voter quoi que ce soit dans
un Conseil d’école.
NON A LA DECENTRALISATION DE L’EDUCATION
NATIONALE.
NON AU TRANSFERT DES TOSS ET DES ECOLES
PRIMAIRES
AUX COLLECTIVITES TERRITORIALES.
En mai juin 2003, nous avons massivement fait grève
dans l’unité, à Créteil comme ailleurs, contre la décentralisation.
Ce n’est pas pour la mettre en œuvre aujourd’hui, au
moment où le gouvernement veut faire voter, le 7 avril, sa loi de décentralisation
transférant les personnels TOSS et les écoles primaires vers les collectivités
territoriales, dans le cadre des EPCI et de « la mise en réseau des
écoles » dirigées par des EPCI avec un directeur coordonnateur à leur
tête.
N’est-il pas temps au contraire d’aller manifester à
l’Assemblée nationale pour que les Députés ne votent pas la loi de
décentralisation ?