Paru dans « L’Ecole
Syndicaliste » n°331, Octobre 2003.
Un projet
ministériel de remplacement
des CAPSAIS
par un CAPEBEP
L'enseignement
spécialisé à la croisée des chemins
Le Ministère a communiqué aux syndicats un projet de
nouvelle réforme du CAPSAIS (certificat d'aptitude aux actions pédagogiques
spécialisées d'adaptation et d'intégration scolaires).
Il s'agirait de le supprimer pour le remplacer par un
nouveau CAPEBEP (Certificat d'aptitude professionnelle pour l'enseignement
aux élèves à besoins éducatifs particuliers) et un CCEBEP2 (Certificat
complémentaire) pour les enseignants du second degré.
Pour le premier degré
ü réduction
de moitié du volume horaire de la formation passant de 750 à 400 heures.
ü une
formation initiale tronquée réduite de fait à 2 trimestres.
ü une
modalité unique basée sur la formation en " cours d'exercice " : le
futur stagiaire choisit une option dans un stage de 3 semaines en juin et prend
seul la responsabilité d'une classe, sur un poste vacant correspondant à cette
option, dès le mois de septembre suivant et pour toute l'année en suivant la
formation (réduite) le soir, les week-end et pendant les congés, en plus du
travail pour sa classe.
ü toutes les
formations longues en stage à temps complet dans un centre de formation
disparaîtraient.
ü l'examen
est ultra simplifié et réduit à une épreuve de classe suivie d'un entretien
avec un jury sur la séance, le jury dans le même temps évaluant les
connaissances nécessaires à l'exercice dans l'AIS et la soutenance du mémoire.
Pour le second degré
Le projet ministériel prévoit l'accès à un CCPEBEP2
(certificat complémentaire...) pour des enseignants du second degré : 150
heures de formation seulement (pouvant être effectuées sur une durée de 5 ans,
par exemple une semaine par an), puis un entretien avec un jury.
Des modules complémentaires
Cette ridicule formation " de base " pourra être
complétée à l'avenir par des " modules de formation complémentaires "
(durée de 50 heures), par exemple pour le braille et le langage des signes. Ils
seraient assurés dans le cadre de la formation continue.
Des formations réduites et profondément remaniées
Le CAPSAIS est un diplôme national reconnu qui sanctionne la
qualification professionnelle d'enseignants spécialisés. Les formations étaient
axées sur des " référentiels nationaux de compétence " communes à
toutes les options et spécifiques à chacune.
Les formations seraient désormais toutes organisées "
transversalement " autour de 3 unités de formation sur le même schéma :
pratiques pédagogiques différenciées, pratiques en équipe pluri-catégorielle,
environnement familial et social. Chacun de ces trois éléments comprendraient
des modules fondamentaux et des modules spécifiques pouvant être communs à
plusieurs options.
Les nouveaux titulaires du CAPEBEP (ou du CCEBEP2 dans le
second degré) auraient donc surtout pour mission de conseiller les collègues
" sur leurs pratiques pédagogiques différenciées et adaptées aux élèves à
besoins éducatifs particuliers".
Ce projet
est inacceptable.
Le SNUDI-FO demande au Ministère de retirer son projet et de
donner des garanties de maintien du CAPSAIS en ouvrant de réelles
négociations sur nos revendications notamment de dotations ministérielles pour
assurer le départ en stage de tous les candidats au CAPSAIS et au DEPS
(psychologues scolaires) avec remboursement des frais de stage et 45 points
d'indice pour tous les enseignants spécialisés.
Ils disent
:
Les formateurs AIS de l'IUFM de Paris, dans une
" lettre à ceux qui n'aiment pas l'AIS ", " s'opposent avec
vigueur à la réduction drastique du volume horaire de la formation ",
" refusent la modalité unique de formation " en cours d'exercice
" qui utilisent les stagiaires comme " moyens d'enseignement "
sans se préoccuper des conséquences pour les enfants d'une alternance de la
présence d'enseignants non formés " , " s'insurgent contre la
dévalorisation du diplôme... ". Pour eux " donner aux enseignants de
ces enfants une " formation au rabais " serait la marque évidente du
peu de cas que l'on fait d'eux et de leurs familles ".
Ils proposent donc de reconsidérer le projet, demandent une
augmentation du volume horaire, le maintien d'une diversité d'offres de
formation laissant la liberté de choix aux stagiaires et tenant compte des
options (la formation en cours d'exercice pour l'option G par exemple ne
convient pas).
Une pétition " le CAPSAIS en danger " à
l'initiative des formateurs AIS de l'IUFM de Lyon (avec les sections du SNUIPP
et du SGEN-CFDT) dit NON à cette réforme qui consiste à confier la
responsabilité des élèves à des personnels non formés en leur imposant de
préparer l'examen en même temps et qui veut réduire de moitié le temps consacré
à la formation.