Article
paru dans L’Ecole Syndicaliste n°331, Octobre 2003.
Réseau
d’écoles : Le ministère persiste et signe
Le ministre délégué à l’enseignement scolaire, M DARCOS, a
invité les organisations syndicales représentatives à participer à une réunion
de travail, jeudi 2 octobre, sur les réseaux d’écoles.
Pour préparer cette réunion, le cabinet de M DARCOS nous a
fait parvenir un texte d’orientation et des fiches techniques.
La lecture de ces documents nous conduit à nous poser trois
grandes questions.
- D’abord, qu’en est-il des
remarques et des inquiétudes que nous
avons formulées à plusieurs reprises lors de nos rencontres avec les membres du
cabinet du ministre délégué ? On n’en trouve nullement trace dans ce
document. Pourtant notre propos était argumenté notamment en ce qui concerne nos
craintes d’une mutualisation des moyens et nos inquiétudes quant à la non-prise
en compte des revendications des directeurs d’école. (Cf. numéros
précédents École syndicaliste)
- Ensuite, pourquoi ne pas tenir
compte des résultats de l’enquête diligentée par le ministère lui-même ?
Cette enquête est pourtant fort intéressante à plus d’un
titre. On y apprend, par exemple que « de nombreux réseaux ont cessé de
fonctionner ou n’ont pas vu le jour. Ainsi, par exemple, les Alpes-de-Haute-Provence
comptaient 12 réseaux ruraux, il y en a aujourd’hui seulement 5 ; des
projets avancés en 2001 n’ont pas abouti en 2003 (par exemple les 5 projets de
l’Indre) ; l’Ille et Vilaine qui comptait 12 réseaux n’en a plus que 8 (…)
le Finistère, après avoir annoncé 17 réseaux n’en annonce en définitive que
6 ».
Si le constat d’enquête est net, remarquons que l’analyse est
plutôt sommaire puisque seuls sont évoqués « la difficulté
d’identification des réseaux par les autorités académiques » et surtout
« l’essoufflement » et la « lassitude des partenaires »,
euphémisme que nous pouvons traduire par réticences et oppositions des élus,
des enseignants et même d’une partie des responsables de l’administration.
- Enfin, comment comprendre cette
précipitation à vouloir mettre en œuvre cette réforme (le document
ministériel envisage la publication des textes d’application en novembre
décembre 2003) alors que le Premier ministre vient de lancer un grand débat sur
l’avenir de l’école dont les conclusions devraient aboutir à élaborer une
nouvelle loi d’orientation qui ne verrait pas le jour avant l’automne 2004 ?
Faut-il en conclure qu’il y a un problème de communication
entre la rue de Grenelle et Matignon ou qu’on veut nous faire prendre des
vessies pour des lanternes ?
Ce sont toutes ces questions que nous poserons le 2 octobre
et, bien évidemment, nous vous rendrons compte des réponses ministérielles dans
notre prochain numéro.
Mise en
réseau et mutualisation des moyens : un exemple dans la Somme.
Comment
passer de deux écoles en RPI
à une école « intercommunale »…
De 1992 à 2000, les écoles de
Liomer et de Brocourt fonctionnaient en RPI (Regroupement Pédagogique
intercommunal). Deux écoles, celle de Liomer comprenant un directeur et 3
adjoints accueillaient les élèves de la maternelle au CE2, celle de Brocourt
comprenant une classe avec un enseignant « chargé d’école »
scolarisait les CM1 et CM2.
En 1999, à l’initiative et à la
demande de la municipalité de Liomer, les conseillers municipaux des 2 communes
délibèrent pour transformer les deux directions en une seule direction d’école
à 5 classes tout en maintenant la configuration de l’école :
-1 classe à Brocourt (cours moyen
) ,
-4 classes à Liomer (tous les
autres cours , y compris la maternelle).
En 2000,le projet est soumis aux
instances départementales de l’Education Nationale :
au CTPD (Comité Technique Paritaire
Départemental présidé par l’Inspecteur d’Académie),
Au CDEN (Comité Départemental de
l’Education Nationale présidé par le Préfet).
En septembre 2000, sur les bases
énoncées ci-dessus ( une seule direction, une classe à Brocourt, quatre classes
à Liomer) l’Ecole intercommunale de Liomer est officiellement créée.
Aucune modification n’a été
apportée à l’école depuis cette date.
Mais fin juin 2003, la présidente
du Syndicat Intercommunal Scolaire annonce qu’elle « officialise » le
transfert de la classe de Brocourt à Liomer pour la rentrée 2003.
Prenant appui sur la mobilisation
des parents, mais aussi d’élus et de personnels de l’école (pétition pour le
maintien de la classe et le retour à la situation antérieure, la Maire et le
conseil municipal s’adresse à nouveau à l’IA, au Préfet pour leur signifier
leur volonté de conserver leur école.
A l’IA, la Maire écrit
« J’avoue ne pas comprendre cet acharnement (…). Les élèves et leurs
familles seraient les premières victimes d’une nouvelle situation
conflictuelle ».
Dans sa réponse, l’IA justifie à
nouveau la décision prise de transformer le RPI en école intercommunale avec
une direction unique et confirme la fermeture de l’école de Brocourt.
L’objectif, explique-t-il, est de
« favoriser une meilleure cohérence pédagogique et le travail en équipe
des enseignants (…). Au moment où la réflexion menée au niveau national et
départemental se situe très fortement dans une logique de regroupement des
écoles (…) il apparaît souhaitable que les élus des communes sans école se
rapprochent pour qu’une réflexion constructive puisse s’engager sur les moyens
à mettre en place pour améliorer la qualité de l’offre éducative et
périscolaire ».