Décentralisation et école maternelle
Dans
le projet de loi, les sénateurs et les députés ont proposé d’ajouter un nouvel
article (70 ter) qui vise à permettre l’établissement de conventions entre les
collectivités territoriales et l’Etat « en vue de développer des activités
communes dans le domaine éducatif et culturel et créer, ou gérer ensemble, les
moyens et services nécessaires à ces activités. ».
Ce
n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd.
Le
Conseil général de Mayenne vient de voter des crédits pour la mise en place
expérimentale de « jardins maternels ».
Il
s’agit de mettre en place, dans le cadre d’un accord Etat collectivité locale
concernée, une structure dépendant le matin de l’Education nationale et
l’après-midi de la commune.
Voici ce qu’écrivent les camarades de la section de la
Mayenne :
Contre l’école
maternelle publique,
Le Conseil général de Mayenne anticipe le
vote de la loi
Dans sa dernière séance avant les élections, le
Conseil Général a voté, sous l'impulsion de son Président Jean Arthuis, des
crédits pour favoriser la mise en place de "jardins maternels" selon
le vocable choisi en commun avec l'Inspecteur d'Académie.
Il s'agit de mettre en place, dans le cadre d'un
accord I.A./collectivité locale concernée, une structure hybride dépendant le
matin de l'Education Nationale et l'après-midi, de la commune.
Les enfants de 2 ans seraient donc accueillis le
matin par un enseignant et l'après-midi, par du personnel municipal dont la
qualification reste à déterminer. L'unité de lieu serait favorisée. L'accueil
aurait donc lieu dans l'école même ou dans un local voisin. La CAF
interviendrait dans le financement dans la mesure où certaines normes
(d'encadrement notamment) seraient respectées.
Cette expérimentation démarrerait dans 5 à 10 communes
dès la rentrée prochaine et pourrait être étendue ensuite si elle se révèle
" positive ".
Le SNUDI-FO 53 se déclare en totale
opposition avec ce projet.
POURQUOI ?
L'école maternelle française est reconnue dans un
nombre important de pays comme un exemple, et ce, malgré des conditions
d'encadrement souvent extrêmement défavorables. On loue les qualités de ses
maîtres et son enseignement qui favorise largement la scolarité élémentaire.
Pendant de nombreuses années, l'administration elle-même a favorisé la
scolarisation précoce, a mis en avant la spécificité de l'école maternelle.
Certes, les premières attaques ne datent pas d'hier,
et la disparition des inspections maternelles, il y a une vingtaine d'années,
aurait dû attirer l'attention…
Mais il faut bien constater que la loi de 1989, en
fixant à 3 ans l'âge d'entrée à l'école maternelle, et donc l'obligation faite
à l'Etat de fournir les moyens humains correspondants, a accéléré le processus.
Depuis 5 à 6 ans, les textes et les initiatives se
succèdent pour remettre en cause la scolarisation maternelle.
Ici, les " 2 ans " ne sont pas du tout
considérés dans les effectifs, ici, ils ne comptent que pour 50%, là, comme en
Mayenne depuis 2 ans, ils ne sont pas pris en compte lorsqu'on arrive au seuil
d'ouverture.
Insidieusement, des textes paraissent, à l'extérieur
de l'Education Nationale, et mettent en place des commissions départementales
pour l'accueil des " enfants de 0 à 6 ans ", sans que les enseignants
ne soient même contactés !...
En Mayenne, cette commission, issue du Décret du 3
mai 2002 fonctionne depuis 1 an. Même si elle ne s'est pas réunie depuis
juillet dernier, elle a commis un document A4 recto-verso, vantant…la mise en
place des jardins maternels.
Interrogé par nos soins lors du dernier CDEN (2
février), le Préfet, pourtant à la tête de cette commission, a déclaré ne pas
être au courant de ce document !
Le point commun de toutes les initiatives prises ici
et là est bien la mise en place de structures concurrentes de l'école maternelle
visant, à terme, à s'y substituer.