Lettre
ouverte à Monsieur le
Ministre de l’Education nationale |
Le Conseil National du SNUDI FO s’adresse au
ministre :
Monsieur le Ministre,
Nous sommes enseignants de l’Ecole communale,
l’Ecole de la République.
Après un budget 2004 et la création de 1500 postes pour 60 000 élèves (1 poste pour 40!),
nous faisons tous le constat, à cette rentrée, d’une grave détérioration de nos
conditions de travail et des conditions d’études de nos élèves :
- les ouvertures nécessaires
n’ont pas été effectuées dans la plupart des cas alors que des milliers de
fermetures de classes étaient entérinées, aboutissant à des classes de plus en
plus surchargées.
- des fermetures et des
fusions d’écoles ont été prononcées contre l’avis des élus, des parents
d’élèves et des enseignants .
Comment
pourrions-nous accepter
Ø le recul considérable de la
scolarisation des enfants de maternelle, non seulement pour la classe d’âge des
2 ans (passée de 34,7% à 28,8% en 2 ans), mais également dans certains cas pour
les enfants ayant 3 ans révolus ?
Ø la multiplication
d’intégrations « par défaut », dans nos écoles et nos classes,
d’enfants privés du droit aux soins et à l’enseignement spécialisé dont ils ont
absolument besoin pour progresser ?
Ø le manque criant de places
dans les structures et établissements spécialisés ?
Ø le manque dramatique de
postes de titulaires – remplaçants ?
Budget
2005 : 1 poste pour 70 élèves supplémentaires
Comment pourrions-nous accepter, dans ces conditions
de dégradation généralisée, que Monsieur le Ministre des finances puisse
présenter un projet de budget pour 2005 qui prévoit 700 créations de postes
d’enseignants du premier degré pour accueillir plus de 50000 élèves
supplémentaires (1 pour 70 élèves !) ?
Au nom de la politique de réduction des dépenses
publiques, les autorités gouvernementales opèrent une réduction drastique des
postes des personnels de l’Education nationale (en voulant notamment transférer
92 000 TOS aux collectivités territoriales).
Une
loi d’orientation ignorant les revendications...
Au même moment, M. le Ministre, vous annoncez le
vote pour le 1er trimestre 2005 d’une loi d’orientation pour l’Education dont
les objectifs ont été énoncés dans le rapport THELOT. Le cadre législatif est
donné par la loi de décentralisation du 13 août 2004, imposée par le biais de
l’article 49 ter. Avec son article 86, elle permet l’expérimentation de
l’éclatement de l’Ecole publique.
Ignorant les revendications de nos collègues
directeurs d’écoles, la loi du 13 août et les propositions Thélot veulent les
faire disparaître pour attribuer la responsabilité pédagogique à un chef
d’établissement doté d’un statut propre (EPEP) géré par un conseil
d’administration dépendant des collectivités territoriales, composé des
représentants des élus politiques, des associations, des parents et des
enseignants.
...et
modifiant le statut juridique de l’école
Le Ministre de l’intérieur, dans une note aux
Préfets, vient de préciser qu’il s’agissait aussi de remettre en cause les 24
000 écoles de 4 classes et moins.
Il s’agirait d’une modification fondamentale du statut
juridique des écoles programmant la disparition de l’Ecole communale de la
République.
Elle aboutirait à remettre en cause :
Ø notre indépendance
professionnelle et pédagogique, garante de l’unité et de la laïcité du service
public,
Ø notre statut d’enseignants
du 1er degré, fonctionnaires d’Etat, pour nous transformer en
employés des conseils d’administration des EPEP, sous la tutelle des
communautés de communes ou d’agglomération.
Ø L’égalité d’accès pour tous
au service public d’enseignement.
Monsieur le Ministre,
Après le saccage de nos droits à la
retraite et le démantèlement de la sécurité sociale, la coupe est pleine.
Enseignants du premier degré, nous
n’acceptons pas la casse programmée de l’Ecole de la République et de nos
garanties statutaires de fonctionnaires d’Etat.
Nous ne sommes pas et ne voulons pas
devenir les employés des conseils d’administration d’Etablissements Publics
d’Enseignement Primaire (EPEP).
Le processus, engagé par l’article 86 de la loi du
13 août et les propositions Thélot pour une loi d’orientation, correspond
exactement à celui qui a transformé le service public de la Poste en
établissements autonomes pour être aujourd’hui privatisé, ouvert au marché de
la concurrence. Les agents auparavant recrutés sous statut de fonctionnaires,
sont aujourd’hui embauchés comme des salariés relevant du droit privé, sous
divers contrats, la plupart du temps précaires. La fermeture de 6 000 bureaux
de poste est programmée… comme la fermeture de milliers d’écoles.
C’est pourquoi, nous
rejetons ce plan de « transformation » de l’école et de notre statut.
Nous vous demandons de renoncer à tout décret d’application
de l’article 86 de la loi du 13 août et d’ignorer purement et simplement les
propositions Thélot.
A l’inverse, parce qu’il y
va de l’avenir de l’Ecole publique, de l’avenir des jeunes générations et de
leur droit à bénéficier d’un enseignement égal sur tout le territoire français,
nous voulons les créations de postes et les ouvertures de classes garantissant
à tous les élèves de bonnes conditions de scolarité sur l’ensemble du
territoire et dans toutes les écoles.
Veuillez recevoir, Monsieur
le Ministre, l’expression de notre indéfectible attachement à l’Ecole communale
républicaine, un des piliers de la démocratie dans notre pays.
Le Conseil National du Snudi-FO des 4, 5 et 6
octobre 2004
Le Conseil National du Snudi-FO propose aux
collègues de faire connaître cette lettre ouverte, de signer et de faire signer
massivement la pétition suivante, adressée au Ministre de l’Education nationale
:
Pétition au
ministre de l’Education Nationale :
L’école publique doit rester communale, laïque et
républicaine.
Non à l’éclatement de l’Education nationale.
Les
enseignants soussignés :
- rejettent la
loi de décentralisation et son article 86 ;
- refusent la
création et toute « expérimentation » d’Etablissements Publics
d’Enseignement Primaire (EPEP) et la mise en réseaux des écoles,
- refusent de
devenir les employés des conseils d’administration d’Etablissements Public de
l’Enseignement Primaire et veulent rester fonctionnaires d’Etat,
- exigent la
création de tous les postes nécessaires au bon fonctionnement de l’école
publique.
Nom, prénom |
Ecole, commune |
Qualité |
Signature |
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A renvoyer à : SNUDI – FO, 13, rue de
l’Académie, 13001, Marseille.