Intégration des IUFM dans les universités
et « rénovation » de la formation :
Un démantèlement total de notre statut de
fonctionnaire d’Etat !
Au Conseil
Supérieur de l'Education du 14 décembre 2006, le projet d'arrêté portant « cahier
des charges de la formation des maîtres en institut universitaire de formation
des maîtres » n'a recueilli aucune voix des organisations syndicales
enseignantes (vote contre de FO, FSU, CFDT, abstention de l’UNSA). Le ministre
De Robien, lui-même présent, a, malgré cela, promulgué son arrêté le 19
décembre (publié au J.O. du 28/12/06).
Voici ce que prévoit cet arrêté pour les enseignants du 1er degré
Article 2 : La formation professionnelle initiale comporte :
- « des activités de formation et
d'enseignement en IUFM»
- « un stage en responsabilité dans un
des cycles de l'école primaire d'une durée de 30 jours à raison d'un jour par
semaine »
C'est la pérennisation du « stage filé » et de
l'utilisation des stagiaires pour faire les quarts de décharge des directeurs
(devenus formateurs malgré eux...).
- « deux stages en responsabilité de 3
semaines chacun dans les autres cycles de l'école primaire »
- « Elle peut comporter d'autres stages,
notamment un stage de pratique accompagnée. ».
Le stage dans une classe avec un IMF
devient une «possibilité», plus une obligation..
- « Au cours des 2 années qui suivent
la titularisation, elle comporte une initiation à la prise en charge des élèves
en situation de handicap».
Tout PE pourra alors être jugé apte à
enseigner à des élèves handicapés.(1)
C'est une dégradation de la formation
initiale au profit d'une vague formation « en alternance ».
Article 1 : (...) «
Ils (les IUFM) interviennent également dans la formation de ces personnels au
cours des deux années scolaires qui suivent leur titularisation ».
Article 8 : Les PE «
bénéficient d'un volume total de 4 semaines de formation au cours de l'année
scolaire qui suit leur titularisation et d'un volume de 2 semaines au cours
de la deuxième année... ».
Les PE ne sont plus considérés comme des
titulaires à part entière lors de leur sortie d'IUFM. Ils sont soumis à une
«formation initiale différée» durant leurs deux premières années d'exercice.
Les titulaires 1ère et 2ème
année devront quitter leur classe plusieurs semaines et la laisser à un PE2 en
stage de responsabilité, ce qui entraînera des problèmes de continuité
pédagogique avec la succession d'enseignants dans la classe.
Au cours de leur formation initiale, les
futurs enseignants devront valider 10 compétences, sous peine de ne pas
être titularisés, parmi lesquelles :
-
« agir de façon éthique et responsable » (S'agit-il de conformer
les futurs enseignants ?)
-
« prendre en compte la diversité des élèves » (S'agit-il de faire
accepter la fin de toute aide spécialisée ?)
-
« travailler en équipe et coopérer avec tous les partenaires de l'école
» (S'agit-il de multiplier les réunions en dehors des obligations
de service, de se soumettre aux élus politiques, associations, groupes de
pression... ?)
Dans le «cahier des charges de la
formation des maîtres», annexé au projet d'arrêté, le ministère apporte de
nombreuses précisions éclairant l'objet de sa « réforme ».
Vers l'harmonisation des systèmes
européens de formation:
«
La définition de la formation des maîtres développée ici (..) représente (...)
un pas essentiel vers une harmonisation européenne des objectifs et des
compétences exigées des maîtres ».
Le Président de la conférence des
directeurs des IUFM a précisé à une délégation Force Ouvrière, le 6 décembre
2006, que le ministère se prépare à aligner la formation des maîtres sur celle
d'autres pays européens. Notons que par exemple en Italie ou en Suède, les
étudiants de niveaux licence ou master qui se destinent à l'enseignement, sont
reçus à un concours de recrutement mais ne sont ni titularisés ni rémunérés
comme titulaires, et ce quelquefois pendant 10 ans d'enseignement, tant qu'un
poste ne s'est pas déclaré vacant ou n'a pas été créé pour les titulariser... !
Un stage en entreprise obligatoire... « L'étudiant
qui se destine au métier de professeur a besoin de comprendre le monde du
travail et notamment l'entreprise vers laquelle s'orientera la majorité des
élèves. Il est donc nécessaire qu'à ce stade de sa formation, il effectue un
stage en entreprise » (Evalué par le patron ? S'agit-il de se préparer
à faire fonctionner l'Ecole comme une entreprise ?).
Le droit à mutation remis en cause ! « La
formation du professeur stagiaire et les deux premières années d'exercice
devront s'effectuer dans la même académie afin d'assurer cohérence et
continuité ».
La formation continue obligatoire ! «
L'organisation de la formation professionnelle en 3 ans, articulant formation
initiale et formation continue, constitue le point de départ indispensable
d'une formation professionnelle tout au long de la vie. C'est dans cette
perspective qu'à court terme la formation continue des professeurs doit devenir
obligatoire ».
Les directeurs d'école promus formateurs
et chargés d'évaluer les stagiaires ! « Tous les formateurs sont appelés à
prendre part à l'évaluation des compétences professionnelles des stagiaires
organisée par l'IUFM. Les formateurs de terrain, y compris les directeurs
d'école qui accueillent des professeurs stagiaires, sont les mieux à même
d'apprécier leurs progrès ».
L'instauration d'un dossier de
compétences et d'un « jury de qualification » : « Un
dossier de compétences accompagne le professeur stagiaire, puis le professeur
titulaire durant ses deux premières années d'exercice ».
Il s'agit là d'un démantèlement total de
notre statut de fonctionnaire d'Etat !
C'est pourquoi Force Ouvrière revendique :
- l'abrogation de cet arrêté,
- le maintien d'un concours national
ouvrant droit au statut de fonctionnaire stagiaire de la Fonction publique
d'Etat avec titularisation à l'issue de l'année de stage,
- le maintien d'un plan national de
formation et du stage de pratique
accompagnée,
- le maintien aux PE de tous les droits
garantis par notre statut après la
titularisation.