Article paru dans le journal
national L’Ecole Syndicaliste n° 333,
novembre 2003. |
Groupes de
travail sur les métiers de l’enseignement
Force
Ouvrière dépose les revendications
Au moment où le ministre de l’éducation nationale
lance le “grand débat sur l’avenir de l’école”, les services du
ministère convoquent les syndicats pour participer à des réunions des groupes
de travail sur les métiers de l’enseignement.
Il serait tout à fait naïf de notre part de ne pas
voir le lien qui existe entre les deux événements.
D’ailleurs, le document sur la mise en œuvre des
stratégies ministérielles de réforme est là pour mettre les points sur les i.
“Pour les personnels enseignants, la démarche GPEEC
(gestion prévisionnelle de l’emploi des effectifs et des compétences) ne peut
être dissociée des objectifs qui seront assignés au système éducatif par la
prochaine loi d’orientation, à l’issue du grand débat national sur l’école.
Toutefois, un certain nombre de chantiers ont déjà été ouverts avec les
organisations syndicales (…)”.
À travers les groupes de travail qui ont débuté le 19
décembre, le ministère prétend impliquer les organisations syndicales
nationales dans la réécriture des statuts nationaux particuliers des personnels
enseignants afin de les adapter à ses objectifs de décentralisation dislocation
de l’Education nationale.
Si nous ne pouvons, ni de près ni de loin, cautionner
l’opération politique que représente le grand débat avec la “société civile”,
la CE de la FNEC FP FO a néanmoins estimé nécessaire de mandater les
représentants de l’organisation pour participer aux groupes de travail afin d’y
déposer les revendications des personnels.
C’est donc dans ce cadre que nous sommes intervenus
dans les premières réunions.
Extraits du
document ministériel
“ (…) Les groupes de travail sur les métiers de
l’enseignement qui s’étaient réunis en juillet dernier reprennent leurs
travaux. (…)
La méthode proposée s’articule autour des deux points
suivants :
- Un diagnostic de la situation le plus complet
possible (…) L’objectif est que le diagnostic soit partagé entre les
parties ;
- Une analyse des points d’évolutions possibles qui
découlent du diagnostic, y compris émanant des syndicats. Les propositions sont
“classées” en commun, selon leur degré
d’accord entre les parties.
GT1 : Les débuts de carrière
des enseignants.
L’accompagnement de l’entrée dans le métier: l’entrée
progressive dans le métier devrait s’appuyer sur un tutorat par des professeurs
plus expérimentés et un aménagement du temps de travail au profit de la
formation.
L’amélioration des débuts de carrière : (…)
Possibilités d’indemnité de première affectation ou de prime d’installation
ainsi qu’une réduction de la durée des premiers échelons. Dans la même
perspective, les textes sur le reclassement devraient être revus…
GT2 : Diversifier les
modalités d’enseignement et élargir le champ d’intervention des enseignants
Les enseignants sont trop souvent cantonnés dans un
niveau d’enseignement ou dans un type d’intervention (…) Tous les statuts des
enseignants prévoient qu’ils participent de façon générale aux actions
d’éducation “principalement en assurant un service d’enseignement”. Rien
ne s’oppose donc à ce qu’au côté des tâches d’enseignement, d’autres missions
soient incluses dans leur service. (…)
Dans le premier degré, la répartition des moyens entre
l’enseignement et les autres fonctions et leur utilisation au sein des écoles
devraient pouvoir favoriser des organisations plus souples des temps de service
des professeurs, notamment du fait de l’instauration de dominantes de formation
facilitant l’échange de service entre les professeurs, de l’apport de
compétences complémentaires par les intervenants extérieurs ou de la
possibilité de dégager un maître de plus.
GT3 : Dispositifs de
respiration ou de réorientation professionnelle
Au cours de la carrière, il doit être possible de
trouver une respiration, par la formation par exemple, ou de procéder à une
réorientation de carrière.
Pistes de réflexion
La mobilité européenne, les détachements, délégations
et mises à disposition, les dispositifs de congés de formation, de mobilité, la
formation permanente et sa valorisation (VAE), les voies de passage dans un
autre corps de l’Education nationale, les possibilités de se-conde carrière à
l’extérieur de l’éducation nationale en particulier par la mise en œuvre de
l’article 77 de la loi sur les retraites.
GT4 : Le suivi et l’aide aux
enseignants en difficulté
L’enseignant s’exprime au travers d’une relation forte
avec l’élève. C’est une situation qui fait ainsi de l’enseignement un métier
particulièrement exigeant et qui peut conduire certains d’entre eux à des
situations de rupture et de difficultés. Une prise en charge par l’institution
s’impose alors. Celle-ci devrait pouvoir s’opérer dans de meilleures conditions aussi bien quant au nombre de
situations repérées et traitées que quant aux modalités.
GT5 : L’aménagement du temps
de travail
Les règles actuelles de gestion du temps de travail
sont calées pour les enseignants sur des services hebdomadaires. L’objectif de
cette réflexion est d’offrir des possibilités nouvelles…
Possibilité de convertir l’ISS en décharge de service,
possibilité d’aménager le temps de travail sur tout ou partie de la carrière.”
Déclaration préalable de Force
Ouvrière
“Vous avez décidé de reprendre les travaux des groupes de
travail consacrés à l’évolution des métiers de l’enseignement. Comme nous
l’avions indiqué l’an dernier, nous continuons à demander l’ouverture de
négociations sur les revendications des personnels, pour l’amélioration des
déroulements de carrière, pour l’amélioration des conditions de travail.
Or, à la lecture des différents documents qui nous ont
été adressés, il semblerait que la démarche qui est la vôtre ne soit pas
dissociée des objectifs qui seraient assignés au système éducatif par la
prochaine loi d’orientation, à l’issue du grand débat.
La méthode qui nous est proposée ne manque pas de nous
interroger. En effet, vous vous fixez comme objectif d’établir un diagnostic le
plus complet possible qui soit partagé entre les parties et, sur la base de ce
“diagnostic commun”, vous semblez proposer aux organisations syndicales de
redéfinir avec vous les missions des enseignants et, par la même, de
“corédiger” des textes qui, de fait, remettraient en causse les qualifications
et les statuts particuliers existants ainsi que les droits et garanties qui s’y
rattachent.
Je ne vous cacherai pas que ce n’est pas notre
conception du dialogue social. Pour ce qui nous concerne, nous entendons, sur
chacun des thèmes proposés dans les groupes de travail, faire valoir les
revendications des personnels, négocier sur chacune d’entre elles et, bien
évidemment, rendre compte à nos mandants des discussions qui auront lieu et des
propositions qui seront faites.
C’est
donc comme interlocuteurs soucieux de
défendre et d’améliorer les garanties statutaires (dans le cadre du statut
général de la Fonction publique) et les conditions de travail des enseignants
que nous participerons à ces réunions car nous ne voulons pas croire, malgré
certaines apparences, que toutes les conclusions soient d’ores et déjà tirées.”