Fédération Nationale
Enseignement Culture et Formation Professionnelle Force Ouvrière
Communiqué : Concours de recrutement et formation des enseignants : Réforme ou destruction des concours et du statut ? Le président de la République et son ministre annoncent un nouveau recrutement
des futurs enseignants au niveau du master 2 : un « concours »
- d’un nouveau type – serait organisé pour sélectionner un certain nombre
d’étudiants en master. Les sélectionnés devraient effectuer des
stages (non rémunérés) soit en école, soit en établissement secondaire,
suivis par un tuteur. Ils seraient « titularisés » à
l’issue d’une évaluation positive de ces stages et à condition d’être titulaires d’un master. Aucune garantie n’est donnée quant au maintien de la valeur
nationale de ce diplôme puisque ce master serait préparé dans le cadre
d’universités elles- mêmes autonomes ne dispensant plus le même enseignement
sur l’ensemble du territoire. Il ne s’agirait plus de concours de recrutement dans un corps de fonctionnaires de l’Etat
comme le sont les actuels concours (CAPES, Agrégation, Professeur des
écoles…). Ce dispositif signifierait la fin de
l’année de formation initiale rémunérée dans le cadre d’un statut de
fonctionnaire stagiaire de l’Etat ; «la deuxième année de formation à
l’IUFM, celle qui correspond actuellement, pour le futur enseignant, à une
année rémunérée par l’Etat en tant que stagiaire, va certainement
disparaître » a pour sa part déclaré à l’AFP le président de la
conférence des directeurs d’IUFM suite aux annonces ministérielles. Or cette
année d’IUFM qui est l’année de formation professionnelle représente
20 000 emplois dans la fonction publique, ce qui signifie que l’Etat
fait l’économie de 20 000 traitements de fonctionnaires stagiaires en
proposant la « mastérisation » de la formation des maîtres. Si l’on rapproche ces annonces des
rapports commandés par le ministère sur la formation des maîtres aux
Inspecteurs Généraux de l’Administration, notamment celui élaboré par C.
Desforges, il ne s’agirait même plus nécessairement de concours
« éducation nationale » mais d’une sélection de personnels exerçant
dans une « filière » dite des « métiers de l’éducation
et de la formation » ou d’un concours dénaturé dont le contenu serait
laissé à l’appréciation de l’université, pouvant s’organiser par simple liste
d’aptitude à partir du rang de classement au master. Le rapport Pochard sur
le statut des enseignants propose d’ailleurs le recrutement d’enseignants
après un master en laissant ouvertes plusieurs possibilités : sélection par
entretien, tests ou concours simplifié. Les « corps » de fonctionnaires
actuels avec les droits statutaires qui y sont liés disparaîtraient dans le
cadre de projets gouvernementaux d’une nouvelle « Fonction
publique » dont les agents n’auraient plus aucune des garanties
statutaires actuelles, notamment celle de l’emploi, du droit à pension, à
mutation …. Ces annonces ne révèlent que la partie
émergée de l’iceberg dont l’enjeu est la disparition de la fonction publique
républicaine. Ces mesures sont à mettre en rapport avec
le projet de loi sur la mobilité de la fonction publique autorisant la mise
en disponibilité sans solde de fonctionnaires n’ayant pas accepté la
réorientation professionnelle imposée par la suppression de leur poste ainsi
qu’avec le rapport Silicani qui propose de réduire les 700 corps nationaux de
la Fonction Publique à « 50 unités statutaires », préconise
l’externalisation de missions du service public vers le privé et le recours
accru à des contractuels de droit privé dans la Fonction Publique. La FNEC-FP FO décide de s’adresser
immédiatement au ministre : -
pour qu’il renonce à ce projet -
pour que soient préservés les concours nationaux de recrutement des
enseignants dans des corps de la Fonction Publique d’Etat. Seul ce statut permet de garantir à tous les élèves un
droit égal à l’instruction assuré par des maîtres qualifiés, indépendants des
groupes de pression, sélectionnés sur leur seul mérite académique et
pédagogique. Montreuil
le 1er juin 2008 |