Articles de l’Ecole Syndicaliste
n°330, septembre 2003
( Bulletin
national du SNUDI FO)
Carte scolaire : +
40 000 élèves et 3 250 postes vacants
Les ministres peuvent faire toutes les déclarations
qu’ils veulent sur les conditions de rentrée, les données chiffrées fournies
par le même ministère sont limpides.
Le nombre d’instits et PE ayant pris leur retraite à
la fin de l’année 2002/2003 est d’environ 16 000.
5 000 collègues recrutés sur listes complémentaires
l’année passée partent en formation à l’IUFM pour cette année. Cela fait donc
grosso modo 21 000 “sortants”.
Côté « entrants », 12 050 PE2 arrivent dans
les classes, auxquels il convient d’ajouter les 5 700 listes complémentaires,
recrutés en 2001/2002 qui étaient en formation l’année passée. Soit un total de
17 750.
21 000 sortants pour 17 750 entrants, le nombre de
postes non pourvus s’élève au minimum à
3 250 pour la rentrée.
Le ministère aura donc recours une nouvelle fois aux
listes complémentaires. On pourrait penser que c’est plutôt moins que les
années précédentes et que, petit à petit, ce recrutement sur liste
complémentaire se résorbe.
Sauf que MM. Ferry et Darcos reconnaissent dans le
même temps que les écoles doivent accueillir à cette rentrée 40 000 élèves de
plus que l’année passée. Et leurs estimations se montent à + 60 000 pour la
rentrée 2004 ! Seulement 1 000 places ont été proposées au concours externe de
PE 2003 et il y a peu de chance que l’on assiste à un recrutement massif en
2004.
1 000 postes pour 40 000 élèves : 1 enseignant pour
40 élèves ! Certainement encore moins pour 2004.
3 250 postes
vacants à la rentrée : qui va les occuper ?
On l’a vu dans l’article précédent, il va manquer 3
250 enseignants dans les classes à la rentrée. Le recrutement des listes
complémentaires sera une nouvelle fois inévitable, faute de recrutement
suffisant au concours de PE.
(Notons au passage que lors de tous les Comités
techniques paritaires ministériels de ces dernières années, Force Ouvrière a
systématiquement déposé, selon la procédure en vigueur dans cette instance, des
voeux pour que le nombre de places offertes au concours de PE soit de 20 000,
afin de rattraper tous les retards accumulés depuis de nombreuses années. Ces
voeux n’ont malheureusement reçu l’approbation d’aucune autre organisation,
sans que d’autres propositions soient faites en contrepartie)
Rappelons que les collègues recrutés sur les listes
complémentaires sont appelés directement à leur domicile pour occuper de toute
urgence un poste vacant, sans avoir reçu la moindre formation. Les postes
vacants étant par définition ceux que les titulaires n’ont pas demandé, ce sont
soit des postes éloignés, soit des postes difficiles, voire des postes
spécialisés, quand ce n’est pas les trois cumulés. Ce qui n’est acceptable ni
pour ces collègues, ni pour la qualité de l’enseignement.
En attendant le recours aux listes complémentaires,
les IA vont devoir gérer la rentrée. Qui va occuper les postes vacants ? Les
premiers désignés, comme les années précédentes, seront les titulaires-remplaçants.
Les IA vont tenter, comme les années précédentes de les nommer “à l’année”,
ce qui leur évitera les recrutements sur liste complémentaire, comme l’exigent
les restrictions budgétaires.
Nous revendiquons que, dans chaque département, les
IA recrutent toutes les listes complémentaires correspondant au nombre de
postes vacants.
577 écoles fermées
en 2002 : les maternelles, les écoles rurales et les classes spécialisées,
premières visées.
Comme chaque année, le ministère a publié un bilan de
l’année précédente. Selon ce document, en 2002, 577 écoles ont été fermées,
principalement par regroupement/fusion qui permettent au ministère de récupérer
de nombreux postes. Le tableau publié indique la suppression de 257 écoles
maternelles et de 54 écoles rurales.
D’autre part, le document analyse les évolutions des
effectifs par rapport à l’année antérieure.
En 2002 déjà, 9 900 élèves supplémentaires étaient
recensés en maternelle alors que 257 écoles étaient fermées ! (+ 40 000 élèves
cette année). L’autre élément important de cette analyse porte sur la
diminution du nombre d’élèves scolarisés dans les classes spécialisés (baisse
de 3,6 % en un an). Doit-on pour autant se féliciter qu’il y ait moins d’élèves
dont les difficultés nécessitent un enseignement spécialisé ou doit-on plutôt y
voir le résultat de l’intégration par défaut de ces mêmes élèves dans les
classes dites normales afin de réaliser des économies sur les coûteuses
structures spécialisées ?
On connaît les menaces qui pèsent sur la spécificité
française de l’école maternelle, ainsi que l’extinction à petit feu des
structures spécialisées. Si les projets de réseaux d’écoles, entre autre grâce
à l’information que nous avons publiée, sont pour l’instant partie remise, nul
doute qu’ils ressortiront sous une autre forme dans un futur proche.
Nous serons d’autant plus vigilants que les groupes de travail organisés par le ministère sur les conséquences de la décentralisation dans le premier degré préconisent précisément d’étudier les modalités de mise en musique, thème par thème, de ces projets.